• septembre 9, 2024
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Des avancées majeures dans la recherche et les traitements du cancer de l’estomac et du côlon ont permis d’améliorer le pronostic et la prise en charge des malades ces dernières années.

La recherche médicale a permis des avancées importantes ces dernières années dans la prise en charge des cancers du côlon et de l’estomac à un stade avancé. L’enjeu est de taille: le cancer du côlon est la seconde cause de décès par cancer dans les pays développés. Il s’agit aussi du troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et du deuxième chez la femme. Tous stades confondus, le taux de survie à cinq ans est d’environ 60%.

Quant au cancer de l’estomac, il est le cinquième cancer le plus fréquent et la troisième cause de décès par cancer dans le monde. Malheureusement, il est généralement diagnostiqué à un stade avancé avec des métastases dans une partie du corps éloignée de l’endroit où il est initialement apparu. Les traitements palliatifs sont donc la pierre angulaire du traitement.

Cancer du côlon: l’oxaliplatine bénéfique

En ce qui concerne le cancer du côlon, la science a démontré les apports bénéfiques de l’oxaliplatine, un médicament de synthèse du groupe des agents dérivés du platine. Celui-ci permet d’améliorer la survie des patients avec des métastases hépatiques si administré avant et après la prise en charge chirurgicale, si les métastases sont limitées au foie et que toutes les lésions tumorales sont opérables.

Plusieurs thérapies ciblées et des traitements ont par ailleurs été développés ces dernières années pour empêcher l’angiogenèse tumorale, soit le fait que de nouveaux vaisseaux sanguins pénètrent dans les croissances cancéreuses et leur fournissent des substances nutritives et de l’oxygène. Combinés à la chimiothérapie, ces traitements améliorent significativement la survie des patients.

Des traitements personnalisés

Le développement de biomarqueurs valables qui peuvent prédire l’efficacité des substances bloquant la voie de signalisation de l’EGFR – une protéine dont les mutations sont associées à plusieurs formes de cancers– est une très bonne nouvelle pour les patients. En effet, pouvoir identifier ces biomarqueurs est une avancée majeure vers une prise en charge personnalisée du cancer du côlon avec métastases. Cette identification s’effectue désormais chez tous les patients avant une thérapie ciblée car si l’un des gènes mute, les substances diminuant l’activité de l’EGFR peuvent avoir un impact négatif. Le corps médical propose alors une thérapie ciblée basée par exemple sur le bévacizumab.

La recherche a également démontré que la combinaison de la chimiothérapie et des traitements ciblés – qui bloquent le développement et la dissémination d’un cancer en interférant avec des molécules spécifiques impliquées dans la croissance tumorale – permet d’augmenter les taux de réponses à 60%.

Survie améliorée grâce à la chirurgie

Grâce aux progrès de la chirurgie et le développement de chimiothérapies plus efficaces, la chance de survie à cinq ans est de 20 à 30% chez les patients présentant un cancer du côlon métastatique opérable. Les chances de survie étaient quasi nulles il y a quelques années, lorsque la chirurgie n’était pratiquée que de façon exceptionnelle. Quant aux patients non opérables, des études ont montré qu’ils bénéficient désormais d’une survie de plus de 30 mois, preuve des progrès réalisés ces dernières années. Auparavant, ils survivaient six mois sans traitement et une année avec une chimiothérapie.

Enfin, le développement récent de nouvelles molécules permet d’élargir le panel des traitements. Un médicament anticancéreux appelé régorafénib a notamment montré un bénéfice de survie modéré mais significatif chez les patients qui résistent aux traitements standards. Une nouvelle molécule, le TAS-102, a montré un effet comparable mais avec une meilleure tolérance.

Traitements contre le cancer de l’estomac améliorés

Deux traitements contre le cancer de l’estomac avec métastases ont été approuvés ces dernières années: le trastuzumab et leramucirumab. Ce premier vise à bloquer le récepteur HER2 (Human Epidermal Growth Factor Receptor 2) présent en surnombre dans environ 20% des cancers gastriques. Il est systématiquement recherché en raison de ses implications thérapeutiques: il peut en effet permettre l’usage du trastuzumab.

Initialement développé il y a plus de dix ans pour traiter le cancer du sein, le trastuzumab est un anticorps humanisé qui cible et bloque le récepteur HER2. La combinaison entre chimiothérapie et traitement standard au trastuzumab a démontré une amélioration significative de la survie des patients. Un autre traitement a montré un bénéfice de survie significatif dans les cancers de l’estomac avec métastases qui ont échappé à une première ligne de chimiothérapie: le ramucirumab. Cet anticorps combat l’angiogenèse, soit la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins favorisant le développement de tumeurs et de métastases.

Un espoir pour les malades

L’immunothérapie du cancer, soit la stimulation des défenses immunitaires de l’organisme, permet aujourd’hui de répondre durablement à des maladies auparavant rapidement mortelles. Initialement développé dans le cadre du mélanome malin, ce traitement est de plus en plus étudié pour d’autres tumeurs solides y compris des cancers de l’estomac.

L’intégration des traitements ciblés, le développement des biomarqueurs prédictifs et l’amélioration des traitements montrent des progrès même dans les cas de cancers du côlon et de l’estomac avancés. Les études en cours suggèrent qu’ils pourront être combattus encore plus efficacement à l’avenir – un motif d’espoir pour les malades et leurs proches.

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Références

Adapté de «Nouveautés et perspectives dans la prise en charge des cancers colorectaux et gastriques avancés», Dresses Antonella Diciolla, Valérie Cristina, Rita De Micheli, Antonia Digklia et Anna Dorothea Wagner, Service d’oncologie médicale du CHUV, 1011 Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2015;11:1122-6, en collaboration avec les auteurs.

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